Prostituées Baudelaire

Gustave Flaubert, Mémoires dun fou, dans Œuvres complètes, édition établie par Claudine Gothot-Mersch et Guy Sagnes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 2001, I, p 511. La mort donne la vie, et la création renaît de la corruption ; le fumier fertilise et le bourbier féconde, dit Satan à Smar Œuvres complètes, op Cit, p 557. Il peut être heureux chez Baudelaire. Quand la femme devient muse, inspiratrice, source de beauté nouvelle et dexotisme, le transport est réel. On devine les présences de trois femmes dans le livre : Jeanne Duval, métisse des îles Bourbon, amazone sensuelle avec laquelle Baudelaire vit une passion orageuse. Marie Daubrun, figure de lidéal inaccessible, qui préfèrera à Baudelaire le poète Théodore de Banville. Apollonie Sabatier, figure angélique, qui montre à Baudelaire la voie dun possible salut. Mais la femme peut aussi être dominatrice, faire souffrir. Elle est alors comparée au vampire, car elle prive le poète de son génie, en le détournant de la création. La misogynie de Baudelaire est prégnante et révélatrice de l attraction-répulsion quil ressent à lendroit de la femme, autre fleur du mal. Le voyage prostituées baudelaire De temps en temps la brise de mer soulève par le coin sa jupe flottante et montre sa jambe luisante et superbe ; et son pied, pareil aux pieds des déesses de marbre que lEurope enferme dans ses musées, imprime fidèlement sa forme sur le sable fin. Car Dorothée est si prodigieusement coquette, que le plaisir dêtre admirée lemporte chez elle sur lorgueil de laffranchie, et, bien quelle soit libre, elle marche sans souliers. Vos transactions sont sécurisées avec les dernières normes SSL Du spleen à la Nuit, Jazzy Bazz sur les traces de Charles Baudelaire Crédit photo : Susie Waroude prostituées baudelaire Le goût de la concentration productive doit remplacer, chez un homme mûr, le goût de la déperdition. Daprès le panneau explicatif érigé devant lentrée de limmeuble. Accueil Multiservices, Administration Générale et État Civil uniquement Véronique Bartoli-Anglard, Les Fleurs du mal, Éditions Bréal, 1998, p 17. Débat interprétatif rapide au sein de la classe. Baiser, faire lamour, allonger pour baiser ; faire allonger ; séduire conquérir ; se faire baiser Le Spleen de Paris 1869, Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. Maxi-Poche Classiques Français, 1995, XII. Les foules, p. 34 Je me fais fort de ne jamais me positionner en moraliste. Je ne sais pas si la prostitution est bien ou mal, je ne sais même pas si cest un métier comme un autre, car il faut à mon sens et daucuns vont pousser des cris dorfraie pas mal de courage pour lexercer. Utilisation dadjectifs qualificatifs péjoratifs : infâme, putride, horrible. Ailleurs, bien loin dici! trop tard! jamais peut-être! 5Dans son étude sur un sujet qui est resté jusque-là inexploré 25, Kolnai propose un inventaire des facteurs susceptibles dinspirer le dégoût tout en sefforçant de distinguer cette émotion de la réaction plus intellectuelle quest le mépris et de laffect plus diffus quest langoisse. Trois aspects de son analyse méritent une attention particulière. Tout dabord, Kolnai souligne lambivalence du dégoût. Certes, il sagit dune réaction de défense 27 face à un objet perçu comme trop proche et envahissant. Mais à la différence du mouvement de fuite engendré par la peur, le dégoût trahit un attrait pour lobjet repoussant. Lobjet dégoûtant exerce une séduction macabre 42 ; il a quelque chose de frappant et dénigmatique à la fois, analogue à une baie rouge et vénéneuse ou à un maquillage criard 48. En ancien disciple de la psychanalyse, Kolnai interprète lune des réactions physiques viscérales du dégoût le vomissement comme un désir refoulé dincorporation de lobjet. En second lieu, Kolnai insiste sur le rôle prépondérant de lodorat : lodeur pénètre et envahit le sujet ; elle est une modalité sensorielle de lintime. Cet envahissement olfactif suscite la hantise de la contamination et la phobie du contact, deux réactions associées au dégoût. Lobjet dégoûtant renvoie à lanimalité, à la finitude et aux pulsions obscures qui menacent lintégrité du sujet. Sous la surface impeccable du beau idéal sourdent les miasmes de la vie, de la mort et de la sexualité. En troisième lieu, un lien étroit peut être établi entre le dégoûtant, le vivant et linforme. Le dégoût est primordialement associé à la mort puisquil a pour éléments déclencheurs le putride, lodeur cadavérique et tout ce qui est passage du vivant à létat de mort 55. Toutefois, dans cette transition de la vie à la mort, ce nest pas la mort elle-même qui inspire le dégoût, mais la persistance du vivant, la dynamique vitale du processus de décomposition. Ainsi, un squelette ou un cadavre momifié ne seront pas perçus comme dégoûtants. Pour quil y ait dégoût, il faut une intensification de la vie et un côté tumultueux de la putréfaction 56. La vitalité en question est débordante ; elle se joue des formes fixes et saffirme comme principe dindifférenciation. Doù le dégoût inspiré par tout ce qui grouille et pullule, par les animaux parasites ou les vermines qui se nourrissent de la matière organique en décomposition. Kolnai évoque une vitalité incessante, nerveuse, qui se tortille convulsivement, comme une danse vitale 61 ou encore une vie absurde, ondoyante, uniforme qui bondit sur le sujet 62. Puis il revient sur multitude. La foule comme multitude, explique-t-il, soppose au peuple, cest le peuple sans la volonté. La désignation est donc peu favorable. Dans le Salon de 1846, le terme nest pas encore péjoratif, neutre plutôt : Bourgeois, vous avez roi, législateur ou négociant, institué des collections, des musées, des galeries. Quelques-unes de celles qui nétaient ouvertes il y a seize ans quaux accapareurs ont élargi leurs portes pour la multitude. Mais dans le texte sur la photographie du Salon de 1859 : Cette foule idolâtre postulait un idéal digne delle et approprié à sa nature Un Dieu vengeur a exaucé les vœux de cette multitude. Daguerre fut son messie Etc. Cette fois, on y est : sottise de la multitude. Et dans Lœuvre et la vie dEugène Delacroix, Baudelaire, qui ladmire, écrit : Haïsseur des multitudes, il ne les considérait guère que comme des briseuses dimages, et les violences commises en 1848 sur quelques-uns de ses ouvrages nétaient pas faites pour le convertir au sentimentalisme politique de nos temps. Ce bain de multitude du premier paragraphe des Foules a donc, dit Compagnon, quelque chose de hautain. Lexpression, en fait, se trouve déjà en 1860 dans les Voluptés de lopium des Paradis artificiels : Mais quelquefois, le samedi soir, une autre tentation dun goût plus singulier et non moins enchanteur triomphait de son amour pour lopéra italien. La jouissance en question, assez alléchante pour rivaliser avec la musique, pourrait sappeler le dilettantisme dans la charité. Lauteur a été malheureux et singulièrement éprouvé, abandonné tout jeune au tourbillon indifférent dune grande capitale. Quand même son esprit neût pas été, comme le lecteur a dû le remarquer, dune nature bonne, délicate et affectueuse, on pourrait aisément supposer quil a appris, dans ses longues journées de vagabondage et dans ses nuits dangoisse encore plus longues, à aimer et à plaindre le pauvre. Lancien écolier veut revoir cette vie des humbles ; il veut se plonger au sein de cette foule de déshérités, et, comme le nageur embrasse la mer et entre ainsi en contact plus direct avec la nature, il aspire à prendre, pour ainsi dire, un bain de multitude. Ce passage, dit Compagnon, nest pas une adaptation de De Quincey ; il est de Baudelaire qui commente celui-ci et le justifie dans une comparaison, bain de multitude, avancée, là, avec la précaution du pour ainsi dire-une façon de reconnaître une audace. prostituées baudelaire Œuvres complètes, édition établie par Claudine Gothot-Mersch, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, II et III, 2013, II, p 459. Ces hommes qui portent en eux une richesse qui ne peut être distribuée au premier venu comme des perles jetées aux cochons et qui vont sentourer de mille et une précautions, sous la forme de mensonges, hypocrisies, afin de mieux masquer leur sensibilité sous une nuée de faux-semblants. Cest de cette manière que Baudelaire, chaste comme le papier, aime à se faire passer pour un criminel, un pervers. La lecture des Passages montre quil ny a pratiquement aucune liasse de notes où des fragments de textes de Baudelaire napparaissent. Cest à partir de son essai sur L Art romantique, de sa correspondance, de ses poèmes quil évoque aussi bien les courants artistiques du Second Empire, le style des vitrines, le luxe des Passages que les figures qui les hantent, dandys, flâneurs ou prostituées. Comme Benjamin croit retrouver derrière Baudelaire le rictus désespéré de Blanqui, et de ses astres qui sentredévorent, le visage de Baudelaire, sa révolte impuissante et sa tristesse, son émerveillement denfant face à la ville, son angoisse devant ses transformations planent sur toute larchitecture des passages. Quimporte si Baudelaire nen a jamais réellement parlé. Dans la forme de ses poèmes, affirme Benjamin, le lecteur avance comme dans une galerie bordée de vitrines. Il y rêve. Et cest toujours avec les yeux de Baudelaire quil les regarde, quil suit le mouvement des foules, visite les grands magasins, comme si ce regard inoubliable et bouleversant, immortalisé par Nadar, était le cœur vivant de son époque, son ultime allégorie. A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère, Commençons par lexemple, classique, de la prostituée : relevant la place éminente quelle occupe dans la poésie et la fantasmagorie baudelairienne, Benjamin dit que ce qui la distingue du travailleur notamment, cest quelle est à la fois vendeuse et marchandise. En dautre termes, ce qui la caractérise, cest cette capacité de se dédoubler entre un sujet humain la vendeuse et un objet le corps vendu qui, pour autant quil entre dans les circuits de la marchandise le marché tend à entrer dans un jeu déquivalence avec tous les autres. Si bien que lon voit distinctement ici que, dans le rapport prostitutionnel la relation de la prostituée à son client, se produisent des métamorphoses ou des conversions qui sont propres à nous donner le tournis : un sujet humain se convertit lui-même en objet la prostituée comme femme-objet par excellence, mais un objet au statut instable et transitoire puisque cet objet nen demeure pas moins un sujet humain et que son objectivation ne persiste à proprement parler que dans le temps où seffectue la transaction la passe.

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