Nous avons mis votre amitié à de rudes épreuves, Félix! Nous pouvons bien lui permettre les licences que nous permettons à Jacques, monsieur labbé? disait-elle à table. Non! reprit-elle en laissant échapper ce sourire des femmes résignées qui fendrait le granit, ne vous étonnez pas de cette confidence, elle vous montre la vie comme elle est, et non comme votre imagination vous la fait espérer. Nous avons tous nos défauts et nos qualités. Si jeusse épousé quelque prodigue, il maurait ruinée. Si jeusse été donnée à quelque jeune homme ardent et voluptueux, il aurait eu des succès, peut-être naurais-je pas su le conserver, il maurait abandonnée, je serais morte de jalousie. Je suis jalouse! dit-elle avec un accent dexaltation qui ressemblait au coup de tonnerre dun orage qui passe. Hé! bien, monsieur maime autant quil peut maimer ; tout ce que son cœur enferme daffection, il le verse à mes pieds, comme la Madeleine a versé le reste de ses parfums aux pieds du Sauveur. Croyez-le! une vie damour est une fatale exception à la loi terrestre ; toute fleur périt, les grandes joies ont un lendemain mauvais, quand elles ont un lendemain. La vie réelle est une vie dangoisses : son image est dans cette ortie, venue au pied de la terrasse, et qui, sans soleil, demeure verte sur sa tige. Ici, comme dans les patries du nord, il est des sourires dans le ciel, rares il est vrai, mais qui paient bien des peines. Enfin les femmes qui sont exclusivement mères ne sattachent-elles pas plus par les sacrifices que par les plaisirs? Ici jattire sur moi les orages que je vois prêts à fondre sur les gens ou sur mes enfants, et jéprouve en les détournant je ne sais quel sentiment qui me donne une force secrète. La résignation de la veille a toujours préparé celle du lendemain. Dieu ne me laisse dailleurs point sans espoir. Si dabord la santé de mes enfants ma désespérée, aujourdhui plus ils avancent dans la vie, mieux ils se portent. Après tout, notre demeure sest embellie, la fortune se répare. Qui sait si la vieillesse de monsieur ne sera pas heureuse par moi? Croyez-le! lêtre qui se présente devant le Grand Juge, une palme verte à la main, lui ramenant consolés ceux qui maudissaient la vie, cet être a converti ses douleurs en délices. Si mes souffrances servent au bonheur de la famille, est-ce bien des souffrances? Quand on a fait des enfants si mal portants, on devrait savoir les soigner! dit-il. Autres le Lys dans la vallée rattaché plus tard aux Scènes de la Situation initiale : M Félix de Vandenesse envoie une lettre à la comtesse Natalie de Manerville pour lui dévoiler son passé et lui expliquer pourquoi il est aujourdhui dominé par un fantôme dans sa relation avec elle. Chaque numéro du Nouveau Magazine littéraire est complété darticles en accès libre à lire sur ce site internet. Saisissez les caractères que vous voyez ci-dessous Elle me fit pleurer. Elle était à la fois douce et terrible ; son sentiment se mettait trop audacieusement à découvert, il était trop pur pour permettre le moindre espoir au jeune homme altéré de plaisir. En retour de ma chair laissée en lambeaux dans son cœur, elle me versait les lueurs incessantes et incorruptibles de ce divin amour qui ne satisfaisait que lâme. Elle montait à des hauteurs où les ailes diaprées de lamour qui me fit dévorer ses épaules ne pouvaient me porter ; pour arriver près delle, un homme devait avoir conquis les ailes blanches du séraphin. Depuis quelques jours, ces impostures. Est-il possible que je meure, Une garde, répondit-elle, non, non. Nous le soignerons, sécria-t-elle en me regardant ; nous nous devons de le sauver! -Organisation des éléments de réponse de manière à mettre en place des connaissances sur les notions de topos et de réécriture. une faiblesse qui survint, et je la couchai tout habillée sur son paraissait si ferme. Tous les tumultes dune nature violente, contenus Blanche, à boire, dit le comte dune voix éteinte. Cinq jours sans vous voir, sans vous entendre160;!
de Merville, qui servira de modèle au Derville de ses romans. Mais-Henriette est à la fois décrite comme une statue de la Vierge et une reine.
Dans cet extrait de Le lys dans la vallée, écrit par Honoré de Balzac, Félix de Vandenesse, narrateur-personnage de lhistoire, raconte sa première rencontre amoureuse, avec Madame de Mortsauf. Il la décrit, elle et les éléments qui la composent, lui appartiennent au travers de nombreuses comparaisons qui montrent bien les sentiments quil éprouve envers elle. On aime son berceau, ni comme on aime un oasis dans le désert ; je laime Mon père conçu quelques doutes sur la portée de lenseignementoratorien, et vint menlever de Pont-le-Voy pour me mettre à Parisdans une Institution située au Marais. Javais quinze ans. Examenfait de ma capacité, le rhétoricien de Pont-le-Voy fut jugé dignedêtre en troisième. Les douleurs que javais éprouvées en famille,à lécole, au collége, je les retrouvai sous une nouvelle formependant mon séjour à la pension Lepître. Mon père ne mavait pointdonné dargent. Quand mes parents savaient que je pouvais êtrenourri, vêtu, gorgé de latin, bourré de grec, tout était résolu.Durant le cours de ma vie collégiale, jai connu mille camaradesenviron, et nai rencontré chez aucun lexemple dune pareilleindifférence. Attaché fanatiquement aux Bourbons, monsieur Lepîtreavait eu des relations avec mon père à lépoque où des royalistesdévoués essayèrent denlever au Temple la reineMarie-Antoinette160;; ils avaient renouvelé connaissance160;;monsieur Lepître se crut donc obligé de réparer loubli de monpère, mais la somme quil me donna mensuellement fut médiocre, caril ignorait les intentions de ma famille. La pension étaitinstallée à lancien hôtel Joyeuse, où, comme dans toutes lesanciennes demeures seigneuriales, il se trouvait une loge desuisse. Pendant la récréation qui précédait lheure où le gâcheux nous conduisait au lycée Charlemagne, les camaradesopulents allaient déjeuner chez notre portier, nommé Doisy.Monsieur Lepître ignorait ou souffrait le commerce de Doisy,véritable contrebandier que les élèves avaient intérêt àchoyer160;: il était le secret chaperon de nos écarts, leconfident des rentrées tardives, notre intermédiaire entre lesloueurs de livres défendus. Déjeuner avec une tasse de café au laitétait un goût aristocratique, expliqué par le prix excessif auquelmontèrent les denrées coloniales sous Napoléon. Si lusage du sucreet du café constituait un luxe chez les parents, il annonçait parminous une supériorité vaniteuse qui aurait engendré notre passion,si la pente à limitation, si la gourmandise, si la contagion de lamode neussent pas suffi. Doisy nous faisait crédit, il noussupposait à tous des sœurs ou des tantes qui approuvent le pointdhonneur des écoliers et payent leurs dettes. Je résistailong-temps aux blandices de la buvette. Si mes juges eussent connula force des séductions, les héroïques aspirations de mon âme versle stoïcisme, les rages contenues pendant ma longue résistance, ilseussent essuyé mes pleurs au lieu de les faire couler. Mais,enfant, pouvais-je avoir cette grandeur dâme qui fait mépriser lemépris dautrui160;? Puis je sentis peut-être les atteintes deplusieurs vices sociaux dont la puissance fut augmentée par maconvoitise. Vers la fin de la deuxième année, mon père et ma mèrevinrent à Paris. Le jour de leur arrivée me fut annoncé par monfrère160;: il habitait Paris et ne mavait pas fait une seulevisite. Mes sœurs étaient du voyage, et nous devions voir Parisensemble. Le premier jour nous irions dîner au Palais-Royal afindêtre tout portés au Théâtre-Français. Malgré livresse que mecausa ce programme de fêtes inespérées, ma joie fut détendue par levent dorage qui impressionne si rapidement les habitués dumalheur. Javais à déclarer cent francs de dettes contractées chezle sieur Doisy, qui me menaçait de demander lui-même son argent àmes parents. Jinventai de prendre mon frère pour drogman de Doisy,pour interprète de mon repentir, pour médiateur de mon pardon. Monpère pencha vers lindulgence. Mais ma mère fut impitoyable, sonœil bleu foncé me pétrifia, elle fulmina de terribles prophéties. Que serais-je plus tard, si dès lâge de dix-sept ans je faisais desemblables équipées160;! Etais-je bien son fils160;? Allais-jeruiner ma famille160;? Etais-je donc seul au logis160;? Lacarrière embrassée par mon frère Charles nexigeait-elle pas unedotation indépendante, déjà méritée par une conduite qui glorifiaitsa famille, tandis que jen serais la honte160;? Mes deux sœursse marieraient-elles sans dot160;? Ignorais-je donc le prix delargent et ce que je coûtais160;? A quoi servaient le sucre etle café dans une éducation160;? Se conduire ainsi, nétait-ce pasapprendre tous les vices160;? Marat était un ange encomparaison de moi. Après avoir subi le choc de ce torrent quicharria mille terreurs en mon âme, mon frère me reconduisit à mapension, je perdis le dîner aux Frères Provençaux et fus privé devoir Talma dans Britannicus.
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